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3 mythes sur l’analyse d’affaires que tout le monde croit

L’analyse d’affaires n’est pas reconnue à sa juste valeur. Dans une époque où les transformations numériques sont à leur apogée, le rôle est encore sous-estimé dans la plupart des cas. Parfois, on choisit même de ne pas avoir d’analyste d’affaires sur le projet ; les arguments sont souvent liés au coût impliqué et le temps que les analyses prennent. Dans le domaine des technologies de l’information, le rôle est trop souvent incompris. Je vous explique ci-dessous à l’aide des trois plus grands mythes que j’ai entendu dans ma carrière.  

Ces propos sont très ancrés… Pourtant, on pourrait facilement remplacer ce mythe par cette vérité : « l’analyse d’affaires fait uniquement le pont entre le métier/les affaires et les technologies/TI ». Le pont est une « image », mais il illustre l’envergure des étapes qui sont nécessaires pour relier deux secteurs complètement différents.

Imaginons que le pont entre les TI et les affaires fait 164 800m de longueur comme le plus grand pont du monde (qui est en Chine) : le pont Danyang-Kunshan. Voyez-vous l’ampleur du travail, la difficulté et l’ensemble des parties prenantes qui peuvent être impliquées ? Plus le projet est complexe, plus il faudra que l’analyste d’affaires déploie des « cartes » pour parvenir à ses fins. L’ensemble du projet est un travail d’équipe. Toutefois, l’analyste d’affaires est garant d’une des plus grandes responsabilités du projet :

« Délivrer : LA meilleure solution au client »

Tout part de l’analyste d’affaires ; c’est lui qui définit la faisabilité du projet, qui récolte les besoins, comprend la réalité du client, traduit le tout en exigences fonctionnelles, communique assidument avec toutes les parties prenantes (fournisseur/intégrateur, gestionnaire de projet, gestionnaire de changement, client principal et tous les membres de l’équipe-client) et vérifie que chaque fonctionnalité développée correspond aux besoins. Personne d’autre ! Et, la définition et cartographie de processus est la méthode la plus utilisée pour récolter les besoins. Le mythe doit venir de là.

L’analyste d’affaires doit paraître neutre et faire preuve d’empathie. Les soft skills sont alors déterminants et plus qu’utiles, obligatoires. On n’engage pas un analyste d’affaires que pour sa technique de cartographie de processus et ses méthodes.

Mythe 2 : L’analyse d’affaires est une formalité administrative qui fait perdre du temps

Imaginons un scénario : Votre manager vous demande votre aide sur un projet d’amélioration. Vous rencontrez le gestionnaire de projet pour plus de détails. Vous élaborez un plan et le présentez au gestionnaire de projet et les parties prenantes. Tout le monde le valide et en a connaissance. Tout va bien jusqu’à présent ! Vous commencez votre travail. Puis un mois plus tard, on vous demande où vous en êtes car le développement doit commencer sous peu ! ». Vous répondez que dans trois semaines, vous serez prêts à livrer. L’équipe de projet ne voit pas d’inconvénient. Trois semaines s’écoulent et vous présentez vos résultats. Vous apprenez à ce moment-là que la solution est déjà en train d’être développée et que vous devez ajuster vos résultats à la solution (déjà choisie). Vous reconnaissez-vous dans une telle situation ? Je l’ai vécu à 3-4 reprises. En tant qu’analyste d’affaires, on va alors remettre en question le choix de la solution qui est déjà fait (car, c’est notre rôle) et l’on vous répondra que tout ce qu’il a fait jusqu’à présent n’est pas perdu : la « documentation » va servir pour les archives et les futurs développements.

La réalité est que quand la phase d’analyse n’est pas faite dans un temps record, il est très tentant de passer à la livraison en sautant l’étape d’analyse (qui est la plus importante). Développer une solution, c’est concret, on peut montrer quelque chose au client. Quant à un livrable d’analyse d’affaires, on est loin de la solution développée et c’est une phase plus longue et fastidieuse. Ce sont dans des moments de précipitation et d’engouement pour le développement de la solution que les projets finissent par être qualifiés d’échec. L’agilité vient palier à cet enjeu en permettant par itération, de dévoiler une portion de la solution tout en ayant validé les besoins en amont.

Mythe 3 : L’analyse d’affaires est facile, flexible et modulable

L’analyse d’affaires ne consiste pas à prendre des notes. Voilà tout ce que l’analyste d’affaires doit être capable de faire : écouter, observer, analyser, questionner, rassurer, prendre des notes, réécouter, formater, traduire, comprendre, penser, détailler, faire des liens, collaborer, communiquer. L’analyste d’affaires est la seule personne dans le monde des technologies de l’information qui comprend et connait deux réalités : le métier/les affaires/l’humain et le développement/les technologies. Ce traducteur technologique, cet intermédiaire, ce point de contact ou encore ce « pont » entre deux réalités totalement différentes et complexes, est essentiel dans un contexte de projet informatique.

L’humain n’étant pas toujours rationnel, l’analyste d’affaires doit s’adapter à ces parties prenantes et user de ses soft skills. Les méthodes d’analyse d’affaires sont rigoureuses, précises et claires, mais c’est au professionnel de choisir dans quel contexte les utiliser et comment (tout comme un médecin qui pose un diagnostic ou soigne un patient). Ainsi, l’analyste d’affaires s’adapte, mais pas la discipline qu’est l’analyse d’affaires.

Par ailleurs, une discipline dite « flexible » ne veut pas dire que l’on peut faire n’importe quoi. Il y a un cadre à respecter et des étapes clés afin de parvenir à des résultats concrets. Par exemple, on le sait tous qu’on commence d’abord par l’élicitation avant l’analyse.

Conclusion

Ces différents mythes découlent d’une incompréhension de l’analyse d’affaires et de la confusion entre le rôle et la discipline. L’analyste d’affaires doit démontrer des soft skills importants et utiliser les techniques de l’analyse d’affaires pour parvenir à ses fins. Autrement, tout le monde pourrait se dire « analyste d’affaires » en faisant une cartographie de processus.

Par ailleurs, la raison pour laquelle nous avons besoin d’un analyste d’affaires sur un projet n’est pour rien d’autre que de trouver et délivrer LA meilleure solution pour LE client dans le contexte précis. L’analyste d’affaires n’est pas là pour mettre de l’avant les généralités et ce qui s’applique à tous, il cherche à comprendre la réalité du client en identifiant les exceptions, les détails et les causes profondes.

« Appliquer une technique » puis cocher la case « FAIT » peut paraître comme une formalité administrative… mais, un analyste d’affaires qui choisit et applique UNE technique (parmi une centaine) pour délivrer LA meilleure solution, ce n’est rien d’autre que sa mission !

Sur ce, j’espère avoir pu vous faire un peu sourire ou vous éclairer avec tous ces mythes. Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à les partager ci-dessous.

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